L’ILE
Bucdom éditions 2000, 149 pages,
12 €, auprès de l’auteure
A l’occasion d’une naissance fictive où le hasard a sa place et où la réalité se tisse d’imaginaire et de rêveries, un homme relève le défi d’inventer sa vie. Mais à peine commencée celle-ci va basculer. Flavian, pris au piège, se donne quelques jours et l’espace d’un roman pour se construire. Croisant des souvenirs anciens et des événements actuels il nous invite, tout au long du texte qui s’écrit, à être témoin de son existence incertaine. Les questions de filiation et les rapports avec les femmes, teintés de ruptures, prendront alors au fil des pages goût de sable et de sel, dont on recueillera la fleur jusqu’au bout du récit.
Commentaires de l’auteure : Pour continuer sur ma lancée d’un travail sur les effets de l’écriture, et notamment de l’écriture de vie, je me suis mise au défi de ce dont je me croyais le plus incapable : l’écriture fictive et imaginative, celle de la nouvelle ou pire, du roman. J’avais constaté ce dont l’écriture, dans le cadre d’une reconstitution biographique d’ancêtres, était capable dans ses liens avec la vie : mais dans une telle démarche, ma plume restait bridée par un factuel qui la précédait et qu’elle avait décidé de respecter au plus près. L’essentiel était déjà tracé, il s’agissait de respecter des traces d’un passage réel, en proposant simplement (grâce aux mots mis) une chair disparue autour de squelettes encore bien présents. Mais partir de rien, fors un brin d’encre au bout des doigts et soi-même, quelque part… ? Seul un pari un peu fou, et encore, pouvait relever l’impossible défi. Ce fut un coup de dés qui décréta du personnage et de la situation de départ, seule partie du roman à être « vraie ». Une fois l’être créé, l’écriture se chargea de la suite qui déboucha, sous forme d’un projet de « nouvelle », sur ce qui devint le dernier chapitre : « Et si c’est par la fin que l’histoire commençait ? ». Et alors, l’envie d’en savoir plus sur Flavian naissant m’incita à placer ce début à la fin, le coup de dé au début, avec la curiosité de se demander comment le personnage, sans doute pas si neuf que cela, allait se débrouiller pour dérouler l’espace d’un roman entre ces extrémités ainsi délimitées. Et il y arrive pas si mal, piochant dans des souvenirs plus ou moins proches dans le temps, personnels mais surtout largement professionnels en les détournant à sa façon, c’est-à-dire en les transformant tellement qu’un détective y perdrait tous ses indices. Dès lors ce qui s’expose là est le produit d’une écriture, sans lien direct avec la vie privée. Et c’est possible ! A expérimenter cela, outre le plaisir manifeste de l’écriture, j’ai remarqué qu’une fois en vie sur le papier, notre créature prend vite son autonomie et que son auteur même n’en fait pas à sa guise avec elle. Elle se rebiffe et ne se laisse pas mener par le bout de la plume. Essayer de la piéger, pour voir, ne change pas grand chose à l’affaire : n’a pas le dernier mot qui l’on croit.
LUMIERES DE VERRE
Léon Ottenheim, photographies et récits, 1905-1926. Editons de l’Opéra 2007, 25 €
D’UNE L’AUTRE. DESTINS DE FEMMES
Edition le Petit Pavé 2008, 15 €.
Le destin de deux femmes liées par une histoire mystérieuse, que l’on accompagne dans les aléas de la vie jusqu’à leur improbable rencontre.
Un parcours à suivre d’un bout à l’autre, au-delà du choc initial…
Un récit qui montre que rien n’est inéluctable et qu’un homme peut réparer, avec le temps, ce qu’un autre a détruit en un instant.
Qui montre au passage que ce qui peut être pensé comme la fatalité d’une répétition de génération en génération n’est, ici, qu’effet de contexte et de circonstances.
Un écrit qui s’est imposé au bout de la plume sans préméditation aucune : si l’auteure en a été la première surprise le lecteur remontera, dans sa découverte au fil des pages, un pan d’une histoire collective qui nous regarde tous.
Une rédemption serait-elle au bout du conte possible ?
« Quelques notes alors s’envolèrent comme des gouttes nacrées de pluie, comme ses gouttes de vie volées avec la semence imposée. »
Si ce livre était une musique… ?
La Jeune fille et la mort de Schubert, peut-être, ou Les Romances sans paroles de Mendelssohn.
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