Le narrateur s'adresse à Martin, avec qui il entretient une relation ambiguë, entre affection et répulsion.
…/… “J'aime les ombres de la nuit, ce moment où les silhouettes des arbres se dissolvent dans la pénombre par la grâce de la brume. Je me penche à la fenêtre pour me rafraîchir et sentir sur mon visage ses gouttelettes minuscules, ce doux tissu d'eau qui passe lentement comme une caresse tiède. Les formes nocturnes que prend la nature, dissoutes par la bruine rendent la nuit plus cruciale. Elles gomment les grandes questions des Hommes, ramènent les choses à leur juste valeur, c'est-à-dire plus monstrueusement compliquées, si gigantesques que leur échelle nous échappe et finalement, en nous dépassant, nous rassurent.
Une forme d'oxymore mental, si j'ose dire. J'aime ces ombres qui lissent mes angoisses, entraînées par le passage de nuages sales qui rasent l'horizon. La brise les chasse, les disloque comme d'opaques tampons de paille de fer effilochés dont les filaments s'accrochent et se décrochent aux cimes des broussailles qui barrent le paysage. Leurs glissements ininterrompus charrient au crépuscule des immensités ténébreuses dont la profondeur sans fond roule des questions sans réponse.
Avec la montée de la nuit dont les ombres surgissent des buissons, gagnant les haies et les recoins du jardin, la pluie fine s'unit au lent manteau de brume qui s'empare et envahit les prés de son souffle léger. Elle enveloppe le bois de son haleine tiède, réduit les distances de mon univers, pour me laisser seule au coeur des ténèbres”…/…
Aux Editions Coiffard
Parution le mai 2012
N° ISBN : 978-2-919339-13-6
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