Extrait du blog de J.M. Laherrère
Le quai des Gueux, sur la ligne de RER qui va de Paris à Versailles. Trois hommes et deux femmes vivent là, sur le quai, dans des cabanes de jardin. Ils se sont organisés, n'emmerdent personne, se font oublier. Et ça marche. Jusqu'à ce que les corps de deux jeunes femmes, percutées par des trains soient retrouvés à proximité. Le problème c'est que ce jour là Luigi créchait aux Gueux. Luigi qui sort de prison après avoir fait 17 ans pour avoir poussé une femme sur la voie. Alors les gendarmes débarquent, avec leurs gros sabots. Et les flics. Et Luigi qui sait ce qui l'attend s'en va sans demander son reste. Est-ce la fin du Quai des Gueux ?
On connaissait déjà le talent d'Hervé Sard pour tricoter des histoires bien tordues et les distiller avec une minutie et un savoir faire sadique, comme dans Mat à mort ou La mélodie des cendres … On le savait capable d'écrire de véritables scènes épiques.
On lui découvre en plus dans ce roman une véritable empathie pour toute une humanité laissée pour compte. Sans angélisme ni misérabilisme, mais avec une vraie tendresse il nous plonge le temps d'une lecture au beau milieu d'une étrange communauté. Son roman se fait plus sombre, sa colère y pointe le nez, de temps à autre, il y gagne en épaisseur et en force.
Et il donne l’impression de passer un cap littéraire. Seul petit bémol, j’ai eu un peu de mal avec les dialogues entre les flics. Sans trop savoir pourquoi, ils m’ont parfois semblé sonner faux. Par contre ceux entre les Gueux, et plus particulièrement les échanges avec Tim, grand échalas tonnant et étudiant perpétuel sont de véritables morceaux d’anthologie (lisez, vous verrez ce que je veux dire).
Hervé Sard / Le crépuscule des Gueux, Krakoen (2012).
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